Outsphere est le premier roman de l’auteur français Guy-Roger Duvert.
Récit de colonisation d’une planète pas toujours accueillante, ce planet opera militaro-scientifique est avant tout un concentré d’action au rythme soutenu. Une exoplanète, un écosystème hostile, des néo-humains, une pointe de dystopie et un soupçon de space opera… Accrochez vous, bouclez la ceinture du canapé, allumez les rétro-lampadaires, et préparez-vous à mettre un pied dans l’enfer de la planète Eden !
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Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…
Un extrait de « Outsphere » …
« L’assemblée devint complètement silencieuse, chacun étant subjugué par la vue de l’astre qui leur faisait face. Une planète verte, recouverte en grande partie de nuages sombres.
La planète était constituée à moitié de terres émergées et à moitié d’eau. Ces terres constituaient un gigantesque continent, qui faisait le tour complet de l’astre, entrecoupé ici et là par de grandes mers fermées.
Autour de la planète, un satellite d’une taille impressionnante, une lune monstrueuse d’une teinte légèrement bleutée. »
Présentation de Outsphere
Un teaser pour vous donner envie…
(Si vous souhaitez en savoir le moins possible sur le livre, lisez seulement cette partie)
Il y a 80 ans, « l’Arche » a quitté la Terre dans le but d’implanter une colonie humaine sur une exoplanète : Eden. Placés en hibernation, une partie des membres d’équipage est réveillée lorsque le navire interplanétaire arrive en vue de cet astre qui n’est alors connu que par les téléscopes.
Parmi eux, l’Amiral Abdelrahman Suleiman, le colonel Jake Bowman, quelques scientifiques et une poignée de soldats. Tous ont pour mission de préparer le terrain à l’implantation d’un station autonome à la surface de la planète, où il sera alors possible de loger l’ensemble des passagers pour l’instant maintenus en sommeil à bord du vaisseau.
Depuis l’espace Laureen Kappa, physicienne, astronome et exogéologue, scrute la surface à la recherche d’un site d’implantation. Or il y a de la vie sur Eden, de la vie intelligente.
Quoi qu’il en soit, il est décidé d’entamer la construction d’une base là en bas, dans une étendue qui semble être moins hostile que d’autres… C’est ici que s’élèvera donc Outsphere, demi-sphere aplatie et nouvel Eden dans laquelle l’humanité a placé ce qui reste de ses espoirs, après avoir malmené sa planète d’origine jusqu’à en être réduit à tenter une émigration interstellaire.
Tout çà pourrait être assez simple en somme, oui mais… Que se passe t-il si la planète, d’une manière ou d’une autre, « rejette » ces nouveaux arrivants ? Et que se passe t-il lorsque, quelques mois à peine après que l’Arche soit arrivée à destination, un nouveau vaisseau terrien plus évolué fait son apparition dans le ciel d’Eden…
« Et bien on va avoir des voisins charmants… »
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(La suite, sans révéler l’intrigue ni le dénouement, dévoile certaines parties du récit. Pour lire seulement l’analyse vous pouvez vous rendre directement ici )
Des humains, des plus qu’humains, des humanoïdes et des… difficultés.
L’histoire en détails
Lorsque Laureen Kappa l’exogéologue observe la surface d’Eden, elle y voit des constructions, des villages et… des bipèdes. Il y a là sur cette planète une forme de vie intelligente quoique de technologie primitive. Comment imaginer en quittant la terre qu’on observerait ici ce type d’organisme évolué, civilisé, humanoïde ? Elle est fascinée.
Mais cette mission de colonisation, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, est sous commandement militaire, et l’analyse faite par ceux-ci est nettement plus terre à terre (si j’ose dire). La présence de ces êtres implique une menace potentielle.
« À aucun moment l’existence d’une autre vie intelligente ne lui parut comme fabuleuse. »
Une expédition est dépêchée à bord d’un petit vaisseau piloté par Max Dagger. Il y a là l’équipe du colonel Bowman au grand complet, et notamment le colossal Barnes, Francisco Baya, Nash Olsen et Tchang. Tout ce petit monde puissamment armé « au cas où », et pour permettre à Vanessa Fulton l’ethnologue de récupérer un maximum de données sur les autochtones.
Une fois au sol, protégés dans leurs combinaisons étanches (l’air semble respirable mais qui sait quels organismes pathogènes pourraient être inhalés…), l’équipe pose enfin le pied sur Eden.
« Le ciel était occupé à très grande majorité par de grands nuages jaunâtres, à travers lesquels la lumière du soleil filtrait ici et là.(…) la luminosité ambiante était d’un jaune prononcé. Presque doré. »
Dès ce moment là, il va devenir de plus en plus difficile, jour après jour, mois après mois, de conserver le contrôle de la situation.
L’équipe au sol est repérée, elle est attaquée. Au milieu d’un de ces orages magnétiques qui caractérisent Eden et perturbent le fonctionnement des engins électroniques, le commando parvient à échapper à l’assaut de la horde sauvage qui les assaille sans retenue, avec une rage inattendue. Mais Olsen est porté disparu et Baya, dont la visière a été brisée par un assaillant, est confiné en quarantaine. Douche froide, et curieux indigènes.
« La peau était grise et épaisse. Les yeux étaient intégralement noirs. Son crâne était pourvu de quelques touffes de cheveux blancs. Enfin, des crocs se dessinaient sur sa bouche. »
On construit malgré tout la station Outsphere, l’équipage est réveillé, et l’humanité s’installe sur cette nouvelle planète, tel un envahisseur extra-terrestre qui ne semble pas faire l’unanimité parmi les « Edéniens« . La vie se met en place entre les injonctions militaires du commandement et les velléités libertaires des civils et de leurs représentants, notamment Héléna Cruz. Les tensions se font rapidement sentir, et elles s’exacerbent lorsque quelque chose apparaît dans le ciel au côté de l’Arche restée en orbite.
Un autre vaisseau, d’origine inconnue, et d’une technologie apparement très supérieure à celle de l’Arche. En observant les flancs du colosse spatial, on peut deviner une inscription… Utopia… C’est un vaisseau humain !
Parti 60 ans après l’Arche, l’Utopia a embarqué une communauté d’êtres humains génétiquement modifiés. Modifiés par eux-mêmes. Doués de capacités physiques et cognitives hors du commun, ils ont la faculté de se connecter entre eux mentalement, formant une sorte d’unité de pensée qui modifie leur comportement. On se demande ce qu’ils ont encore d’humain. Leur psychologie est si différente…
« Une société de personnes sans émotions négatives ne se préoccupe pas d’éventuelles mauvaises perceptions de leurs actes. C’est fascinant… »
Il va falloir cohabiter avec eux, d’autant que de nouvelles menaces frappent Outsphere. Le milieu sauvage est aussi hostile que les Edéniens, les bêtes sauvages sont meurtrières et une curieuse épidémie sévit parmi les humains…
« Sous les nuages magnétiques, s’était formé une autre forme brumeuse, de couleur jaunâtre. Elle n’était pas traversée d’éclairs. Mais elle avait également une autre distinction importante : elle se déplaçait. Dans la direction d’Outsphere ! »
On a nommé cette planète située à 80 années de voyage de la Terre Eden. Pourtant elle n’a rien d’un Paradis, et même si les colons, calfeutrés dans Outsphere, souhaitent tenter leur chance dans l’atmosphère a priori respirable de cette nouvelle Terre au ciel jaune en partie masqué par la gigantesque lune « Olympe« , elle prend rapidement des allures de purgatoire.
Le retour sur Terre cependant est sans doute possible et on pourrait commencer à l’envisager… Enfin peut-être pas…
Il va falloir s’adapter…
« Si vous deviez revenir maintenant sur Terre, selon les probabilités, qu’y trouveriez-vous ? »(…)
– Un trou noir.
Outsphere, question de points de vue…
Analyse dystopique
Guy-Roger Duvert ne fait pas dans la dentelle, disons-le tout de go… Il n’y a pas dans Outsphere de longueurs, de passages lents, de baisse d’intensité… Tout va vite, très vite. L’univers se met en place, d’une grande profondeur, trop grande peut-être, trop profonde, si profonde qu’on n’a pas le temps de s’y plonger jusqu’aux tréfonds… Mais finalement, ce n’est pas l’important, j’y reviens plus loin.
Le thème de la colonisation d’une planète extérieure n’est pas vraiment nouveau, et suggère bien souvent la possibilité d’un conflit entre les nouveaux arrivants et l’écosystème de la destination. Effectivement, c’est ce thème du conflit qui est ultra-développé dans Outsphere. Ce thème de la planète « Eden » pas si paradisiaque que çà m’a d’ailleurs rappelé un autre livre nommé justement « Eden », de Stanislas Lem, que je ne saurais trop recommander, celui-ci faisant partie de mes livres favoris !
Mais revenons à nos moutons (électriques). La population de Terriens développée ici est clairement découpée en « classes », d’ailleurs parfois (souvent ?) un peu caricaturales : il y a les militaires qui n’ont peur de rien et ne raisonnent qu’en terme de danger et de sécurité, les scientifiques qui eux sont fascinés par toutes leurs découvertes et en oublient de surveiller leurs arrières, et puis au milieu de tout çà il y a les civils, du genre pacifistes néo-beatniks inconscients du danger… Et au sein de chacune de ces classes, de nombreux personnages, dont on pourra regretter que leurs caractères respectifs ne soient pas franchement développés par l’auteur.
Oui mais… Là n’est pas l’intérêt du livre :
Les Atlantes, terriens partis de la Terre 60 ans après l’Arche et dotés d’une meilleure technologie qui leur permet de voyager plus vite, débarquent à bord de l’Utopia… Il s’agit d’un génération d’humains, modifiés à la naissance et « améliorés », et qui se caractérise par son adaptation à un mode de vie communautaire poussé à son paroxysme, puisqu’ils ont la capacité de se « synchroniser » et de partager ainsi leurs savoirs, leurs sentiments, leurs expériences à distance, selon quelque chose qui pourrait s’apparenter à une forme de télépathie.
« La synchronisation s’obtenait par une forme de détente et d’acceptation, là où la lecture dans l’esprit de quelqu’un était une démarche plus intrusive, plus agressive. »
Cette adaptation leur permet de fonctionner en parfaite harmonie et rend la notion de conflit entre humains totalement obsolète. Mais elle est liée à cette unité et à cette « connectivité » inter-individus. Or, sur Eden, leurs conditions de vie vont être mises à mal, comme leur capacité à se « synchroniser« . De même, ils vont se voir obligés de se scinder en plusieurs groupes. Finalement, eux-aussi vont se trouver victimes de la planète et de ses multiples engeances. Alors au bout du compte, qu’est-ce qui nous permet de définir l’humanité ?
Est-ce que l’intérêt supérieur de l’espèce est déconnecté de l’intérêt supérieur de l’individu ?
Outsphere est une dissertation en 312 pages sur ce thème…
Si Guy-Roger Duvert ne développe que très peu la psychologie des individus, s’il ne fait que survoler l’incroyable richesse de l’univers dans lequel il nous plonge (on peut le regretter peut-être, car il y avait là matière à faire un livre de 1000 pages plus long…), c’est qu’il se focalise sur deux éléments : d’une part le rythme de l’histoire, soutenu d’un bout à l’autre du roman (difficile de s’en détacher, personne n’a pu m’en décoller !) et d’autre part la psychologie des masses… Voilà ce qui mérite la lecture d’Outsphere : une réflexion sur la psychologie des populations, bien nichée au creux d’un récit d’aventures bourré de bestioles pleines de pattes, de griffes, de crocs, et d’intentions belliqueuses !
Ainsi on observe dans Outsphere le comportement de plusieurs catégories de populations face à un évènement de type : « des extra-terrestres (enfin des extra-Edéniens pour le coup, c’est à dire des humains, le point de vue est inversé) débarquent sur une planète et tentent de s’y installer. »
On a le point de vue des militaires, des civils, des scientifiques, le point de vue des Edéniens (sauvages autochtones pas si primitifs que çà), le point de vue des Atlantes (sorte de société post-humaine cyber-communiste ?), et pourquoi pas le point de vue de la faune locale…
(…) la faune dans la plaine d’Outsphere, relativement peu hostile, n’avait rien à voir avec ce qui pouvait vivre dans les zones dites muettes.
Alors je passe sur les défauts inhérents à l’auto-édition, c’est à dire les coquilles et autres fautes de frappes, conjugaisons problématiques, répétitions et redondances désagréables, etc… Le travail d’un éditeur, c’est aussi et surtout un travail de relecture, qui fait donc défaut ici mais… que nenni ! Il faut passer outre(sphere).
Je vous laisse aussi découvrir le foisonnement d’idées que je n’ai pas évoqué ici comme la possibilité d’une colonisation plus ancienne par d’autres formes de vie, l’utilisation de nanomachines cyber-organiques, les sociétés Edéniennes, la collapsologie terrienne etc.
Lorsque j’ai refermé ce livre après la dernière page, j’ai eu un sentiment mitigé : je me suis dit que je m’étais régalé à sa lecture mais que, pourtant, il me semblait tout de même affublé de quelques défauts. Alors j’ai pris le temps d’y réfléchir et j’ai fini par comprendre que tout simplement Outsphere se lit comme on regarde on film.
On observe les personnages qui évoluent dans leur univers, on a pas vraiment le temps de creuser la masse foisonnante des idées de l’auteur, mais on se laisse porter par le rythme du récit.
Guy-Roger Duvert est scénariste et réalisateur de films SF avant d’être un auteur de romans… et ça se voit ! Enfin, ça se lit ! D’ailleurs, pour être honnête, je me demande si Outsphere n’était pas à l’origine un scénario de film ou de série qui a finalement été reconverti en roman…
En tous les cas cela nous donne un livre original et le lecteur pourra, au choix, faire lui-même le travail de réflexion autour des comportements de groupe (cela me rappelle un peu dans l’idée Outresable de Hugh Howey, qui raconte une histoire, tout en laissant au lecteur la possibilité de pousser la réflexion plus avant) ou tout simplement se laisser happer par le flot du récit.
Je recommande Outsphere à tous les amateurs de planet opera et de récits aventureux. Un livre particulièrement distrayant que j’ai vraiment apprécié.
Outsphere nous raconte une histoire. À nous de réfléchir à ce que l’on y observe.
« Il est plus facile de déplacer un fleuve que de changer son comportement, mon ami. »
Note importante : Outsphere est le premier volume d’un cycle, mais le nombre total de volumes à paraître n’est pas mentionné. Toutefois, ce livre ne s’arrête pas au milieu d’un chapitre… Et si une partie de l’histoire n’est pas terminée, le livre se suffit à lui-même malgré tout.
Faites-moi part de vos avis en commentaire, si le coeur vous en dit.
Auteur : Guy-Roger Duvert
Editeur : Auto-édition
Distinctions : Prix TV5 Monde « Les plumes francophones » 2019
Format : 15,2×22,9
ISBN : 978-1794329898
312 pages
Année : 2019
Pays : France
Chroniqueur : Julien Amic
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Un grand merci à vous ! ?? – Julien Amic
? Je remercie chaleureusement l’auteur qui m’a gracieusement fourni un exemplaire du livre.
Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…
Salut
Merci pour la chronique
Question : On ne peut l’acheter que sur AMAZON ?
Merci
Ivan
Bonjour, à ma connaissance oui étant donné que G-R.Duvert a choisi de s’auto-éditer via la plateforme amazon… C’est une manière pour les auteurs de proposer leur oeuvre directement au public, sans passer par une maison d’édition.