Goldorak - Kana éditions - les-carnets-dystopiques.fr
Goldorak - Dorison Bajram Cossu Sentenac Guillo - Image de couverture - les-carnets-dystopiques.fr
Goldorak

Goldorak est une bande dessinée réalisée par un collectif d’auteurs – Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo – et publiée en octobre 2021 chez les éditions Kana.
Adaptation de l’ultra célèbre oeuvre animée du japonais Go Nagai, voilà un ouvrage qu’il fallait oser réaliser !
Car comment parvenir à être à la hauteur de l’original, et comment surtout imaginer une suite cohérente alors que la fin de la série ne semblait pas laisser de place pour cela ?
Goldorak, go !

 

➡️ « Goldorak » – Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac, Guillo – 24,90€

Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic

 

Un extrait de « Goldorak » …

 

« J’avais beau porter les coups, une petite voix en moi ne cessait de me répéter : à quoi bon ? Ça ne s’arrêtera jamais. Sur terre, sur Euphor, où que tu ailles, ils reviendront ! »

 

 

Présentation de « Goldorak »

Un teaser pour vous donner envie…

(Si vous souhaitez en savoir le moins possible sur le livre, lisez seulement cette partie)

 

Goldorak - extrait - Kana éditions - les-carnets-dystopiques.fr
Goldorak – « et nous ne sommes plus seuls »

Il y a bien longtemps maintenant que la guerre contre les forces de Véga est terminée, et que le Prince d’Euphor, Arctarus, a quitté la Terre.
Le Grand Stratéguerre est mort et la face cachée de la Lune n’abrite plus que les ruines des anciennes constructions des forces venues d’outre-espace pour conquérir la Terre.

Ceux qui ont combattu aux côtés d’Actarus et de son robot Goldorak, dérobé aux forces ennemies, ont grandi ou vieilli. Vénusia est interne en chirurgie, Alcor est un riche homme d’affaires, et le professeur Procyon semble avoir pris sa retraite. Quant à Phénicia, elle est repartie avec son frère sur Euphor.

La Patrouille des Aigles qu’ils formaient ensemble n’est plus, et nul ne sait ce que sont devenus leurs vaisseaux, ni ce qu’est devenu Goldorak.

Quelque part sur la lune, quelque chose s’active, quelque chose se met en marche, et soudain quelque chose s’élève au-dessus de l’astre gris et fonce vers la terre, jusqu’à s’abattre violemment sur le mont Fuji. Il y a encore un golgoth capable de semer la désolation : l’Hydragon. Et il se dirige vers Tokyo !

À nouveau la terre est menacée. Mais comment lutter sans Goldorak, et sans son pilote ?

« Mais cette fois, il n’y aura pas de géant d’acier pour nous protéger. »

 

➡️ « Goldorak » – Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac, Guillo – 24,90€

(La suite, sans révéler l’intrigue ni le dénouement, dévoile certaines parties du récit. Pour lire seulement l’analyse vous pouvez vous rendre directement ici )

 

? Son merveilleux robot de lumière et d’acier

L’histoire en détails 

 

Dans un monde désormais pacifié alors que la guerre contre les forces de Véga s’est soldée par une victoire de Goldorak, les héros d’hier sont devenus des acteurs « normaux » de leur société. Bien sûr les évènements passés les ont marqués à jamais, et peut-être que le départ d’Actarus et Phénicia a pu laisser chez certains un peu d’amertume, de regrets. La Patrouille des Aigles qui fût jadis si soudée a vu ses liens se distendre et chacun mène désormais sa vie de son côté. Même le ranch du Bouleau Blanc est désormais laissé à l’abandon et ce vieux fou de Rigel finit ses jours en maison de retraite.

Goldorak - extrait - Kana éditions - les-carnets-dystopiques.fr
Hydragon

Mais cette paix est soudain violemment rompue par l’arrivée sur Terre d’une effroyable machine à trois têtes, un golgoth d’une puissance inouïe, et qui s’écrase sur les flancs du mont Fuji avant de s’en prendre à la ville de Tokyo toute proche. Alcor, qui a conservé au garage son O.V.T prêt à fonctionner, n’est pas de taille à lutter seul avec cette minuscule soucoupe, mais il peut venir au secours de Vénusia.

« Missiles Alpha ! »

Le professeur Procyon reçoit alors la visite des militaires, qui viennent lui demander de l’aide. Mais la Patrouille des Aigles a déclaré il y a longtemps que les vaisseaux Alcorak, Fossoirak et Venusiak avaient été détruits, à moins que ce ne soit un mensonge…
Nonobstant, ce n’est pas ce que désire le général. Ce qu’il veut c’est Goldorak, car il a été détecté plusieurs années auparavant dans l’atmosphère, revenant donc d’Euphor. Personne pourtant ne sait où il a atterri, ni ou il est caché désormais. Personne hormis… Actarus, capturé et emprisonné par le commandement militaire.

L’armée va alors tenter un effroyable chantage avec le Pr. Procyon et le prince d’Euphor, mais c’était sans compter avec celle qui pourrait bien changer la donne : Phénicia.

Goldorak est sur Terre, Actarus et Phénicia aussi… Mais la Patrouille des Aigles pourra t-elle se reformer envers et contre la volonté du général, et si Goldorak est bien toujours ici, sera-t-il en état de fonctionner ?

« ? Il traverse tout l’univers, aussi vite que la Lumière… » 

 

La lutte infernale du bien contre le mal (et inversement)

 

Analyse dystopique

 

« J’ai vu le prix de la guerre : la mer noircie par le sang. »

 

J’ai grandi avec Goldorak. Il est « né » à la télévision française en 1978, tout comme moi, et je suis un enfant de la planète Euphor. Goldorak fût l’une des premières oeuvres qui me sensibilisèrent jadis à la science fiction, dans cette décennie bénie des années 80. Albator, Cobra, Jayce, Ulysse 31, Capitaine Flam, les Mondes Engloutis… Mais Goldorak les surpassait tous.
Alors avec le recul, quand on y repense, il y avait dans Goldorak une ambiguité, un paradoxe, quelque chose qui ne nous questionnait pas lorsque nous étions enfants mais qui aujourd’hui nous apparait de manière peut être plus évidente : Goldorak est une série pour enfants d’une grande violence. Actarus se bat pour une noble cause certes, mais c’est au prix de nombreux morts. Si vis pacem para bellum parait-il, et c’est bien là tout le problème. Ce Prince pacifiste est aussi avant tout un guerrier redoutable.

Goldorak - extrait - Kana éditions - les-carnets-dystopiques.fr

La série originelle était donc empreinte d’un certain manichéisme, mais pour autant, tout n’était pas si simple. Il ne s’agissait pas seulement de faire combattre les bons terriens contre les méchants extra-terrestres. Et les épisodes sont parfois teintés d’une vraie nostalgie, celle ressentie par Actarus qui se souvient de sa planète et de son peuple. Il est un exilé, un réfugié, et il ne combat pas par choix mais par nécessité.

L’adaptation en bande dessinée s’annonçait difficile, mais le parti-pris a été de développer l’approche psychologique des personnages. En premier lieu bien sûr celle d’Actarus, devenu quasiment psychotique, victime de stress post-traumatique peut-être, et qui ne parvient pas justement à savoir si cette guerre qu’il a menée était aussi juste qu’il le pensait. Car Véga n’était pas uniquement peuplée de militaires, mais aussi de civils, qui eux-aussi ont été victimes collatérales de cette guerre.

« Le sanguinaire. Le démon d’Euphor. Le bourreau de Stykadès. Le destructeur de Véga. Ce sont quelques-uns des noms que t’ont donnés les survivants de notre planète… »

Toute la force de cette bande dessinée est de tenter de regarder le mythe de Goldorak avec les yeux de l’ennemi. De déterminer quelle est la part d’humanité des « méchants » et la part de sauvagerie des « gentils ». Actarus fait d’ailleurs parfois preuve d’une frénésie barbare… telle est la guerre. Mais il est aussi celui qui tend la main pour tenter d’obtenir la paix. Au final, on a un scénario – rédigé par Xavier Dorison et Denis Bajram – qui fait de ce Goldorak une oeuvre « adulte ». Les personnages ont grandi comme ont grandi les auteurs, et comme ont grandi les spectateurs/lecteurs que nous sommes tous devenus. Et çà, c’est véritablement splendide, un plaisir absolu.
À bien y réfléchir, Goldorak est pratiquement une uchronie, une réalité parallèle dans laquelle Goldorak a choisi de venir se poser sur terre dans les années 70… et dans laquelle il revient aujourd’hui !

En ce qui concerne les dessins en eux-mêmes, ils sont tout simplement parfaits. Mais ceci est évidemment très subjectif. Je le dis tout de suite, je ne suis pas un spécialiste de la bande dessinée, mais certaines oeuvres cependant m’ont marquées, et notamment UW1 et UW2 de Denis Bajram. C’est je dois le dire ce qui m’a rassuré la première fois que j’ai entendu parlé de ce projet de Goldorak « modernisé ».
Un dossier en fin d’ouvrage présente la genèse du livre, et c’est aussi là que l’on peut comprendre l’importance de l’apport graphique de Brice Cossu et AlexisSentenac. Le travail du coloriste Yoann Guillo joue aussi énormément dans la qualité visuelle de l’ouvrage.

En bref, avant de terminer et de conclure, je voudrais citer deux points de détails que j’ai beaucoup aimé : d’abord, le personnage de Rigel, extrêmement caricatural dans la série animée, a été ici parfaitement rendu, car il est à la fois fidèle à l’original tout en restant « réaliste ». J’entend par là que malgré son physique improbable, on y croit ! Ce n’est pas simplement un personnage grotesque prêtant à moqueries, c’est juste un individu au physique inhabituel et au caractère particulier… Et c’est surtout un héros de l’ancien temps, pas si fou qu’il n’y parait de prime abord, et qui a son heure de gloire dans le livre. Merci pour lui.
Deuxièmement, je dois dire que j’ai adoré que ce Goldorak dessiné ait eu a affronter le même problème que tous ses avatars en plastique articulés : il a paumé son fulguro-poing !!!!!

Goldorak - extrait - Kana éditions - les-carnets-dystopiques.fr
« Quelqu’un a perdu un fulguro-poing »

Si ce n’est pas déjà fait, lisez donc Goldorak. C’est une adaptation qui ne se contente pas d’être une suite remplie de combats aériens et de fulguro-poings dans ta face. C’est un approfondissement de ce qu’est au fond le « mythe » de Goldorak, et c’est une histoire qui nous raconte avec un talent graphique exceptionnel que le bien et le mal n’existent pas vraiment, mais que tout est une question de point de vue. Même les héros absolus ont des doutes, et même les grands méchants ont des leçons à nous donner.

« Pour une fois, ne pas mourir en vain… mais mourir pour la vie. »

 

Faites-moi part de vos avis en commentaire, si le coeur vous en dit.

NB : je ne sais pas s’ils liront cet article, mais je voudrais remercier Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo, car ils ont réussi l’impossible, ont réalisé leur rêve et l’ont partagé avec nous. Merci.

 

Goldorak - Dorison Bajram Cossu Sentenac Guillo - Image de couverture - les-carnets-dystopiques.fr
Goldorak

Auteurs : Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac, Guillo, d’après l’oeuvre de Gō Nagai
Editeur : Kana
Format : 21,5×30
ISBN : 978-2505078463
168 pages
Parution : octobre 2021
Pays : France

Chroniqueur : Julien Amic

 

 

 

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