Ces guerres qui nous attendent 2030-2060 – Red Team

Ces guerres qui nous attendent est un ouvrage de science-fiction particulier, écrit par le collectif Red Team Défense et publié en 2022 aux éditions des Équateurs.
Il s’agit d’un ensemble de 4 scénarios rédigés par une équipe composée d’auteurs, scénaristes, designers et dessinateurs, en lien avec l’Université Paris Sciences et Lettres ainsi que le ministère et l’état-major des armées.
Il s’agit d’une petite partie du travail de la Red Team, qui a été déclassifiée pour l’occasion, de manière à le faire connaître à tous ceux qui le souhaitent.
Si vis pacem, para bellum…

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Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…

 

 

 

4 visions d’un futur conflictuel

Présentation des récits, mais sans tout dévoiler

 

« C’est exactement à cela que nous incite la science-fiction : à repousser les limites du possible, à les mettre entre parenthèses, afin de promener la pensée dans l’écart entre le possible et l’impossible, entre le réaliste et l’imaginé. »

Les pirates de la P-Nation attaquent Kourou : la construction de l’ascenseur spatial de Kourou est sur le point de s’achever. Il rendra obsolète l’industrie des lanceurs actuels, facilitant les mises en orbite de satellites géostationnaires, et ouvrant une nouvelle voie vers la conquête du système solaire. Mais dans un monde où la crise écologique s’est amplifiée, une nouvelle Nation Pirate prend forme, constituée d’un assemblage disparate d’esprits dissidents et insoumis, de révoltés devenus guérilleros. Ce qu’ils envisagent, c’est un coup d’éclat…

Barbaresques 3.0 : La Méditerrannée est en proie à une instabilité géopolitique grandissante. Une nouvelle génération de pirates 3.0 émerge et prend peu à peu le contrôle de la « Mare Nostrum« . Ces hackers barbaresques vont entraîner l’avènement d’une nouvelle forme de conflit en s’attaquant aux systèmes de navigation et aux interfaces Homme-IA de défense armée des navires. Le deepfake va prendre une dangereuse ampleur…

Chronique d’une mort culturelle annoncée : Le métavers n’était qu’une prémisse. Le développement des interfaces homme-machine a abouti à la création de sphères de réalité alternative, nouveau théâtre d’opérations pour un terrorisme qui avance masqué dans la brume de clouds enchevêtrés… Comment alors supprimer les filtres de réalité sans générer le chaos, dans ce monde où l’humanité a perdu le contact avec le non-virtuel ?

La Sublime Porte s’ouvre à nouveau : la course à l’armement offensif engendre une course à l’armement défensif. Les hyperforteresses sont de véritables « organismes » de combat, ou l’hyper IA fait office de métacerveau aux capacités phénoménales. Quel nouveau monde se dessine dès lors, lorsque la paix est garantie par l’impossibilité de détruire… qui nécessite l’absence totale de faille dans un système Air-terre-Mer-Espace d’une effroyable complexité ?

 

La cité (du futur) de la peur

« Ces guerres qui nous attendent » décortiquées…

 

« l’enjeu c’est de bousculer, c’est de faire peur, pour pousser les armées à penser autrement. »
( voir ITW de Marie Roussie )

Bingo ! C’est réussi… Quatre scénarios franchement flippants. Mais je préfère le dire tout de suite, ce ne sont pas des romans ou des nouvelles, ce sont des réflexions plus ou moins romancées. Les auteurs cherchent clairement à pousser à l’extrême leur réflexion, leurs idées, de manière à créer une situation qui se situe véritablement à la limite du possible. Je suggère vraiment d’écouter l’interview de Marie Roussie, membre de la Black Team, en cliquant sur le lien inclus dans la citation ci-dessus. Cette présentation est essentielle pour bien comprendre l’objectif de la Red Team et la forme que peuvent prendre les divers textes produits.

La Red Team se compose d’écrivains et auteurs connus (Laurent Genefort, Romain Lucazeau, DOA, Xavier Dorison, Xavier Mauméjean), du dessinateur François Schuiten, de la designeuse Jeanne Bregeon, de la sociologue Virginie Tournay, et de deux auteurs qui ont préféré rester anonymes, prenant pour l’occasion les pseudonymes de Capitaine Numericus et Colonel Hermès…
Pourquoi rester anonymes ? Sans doute parce que le débat fit rage dès 2019 et l’annonce du projet. Nombreux sont ceux qui, parmi les amateurs (et les professionnels) de science fiction, se sont émus de voir des auteurs de SF collaborer avec les militaires. Car d’un certain point de vue, la science fiction est idéologiquement pacifiste et antimilitariste. Enfin, si l’on excepte bien sûr la SF dite « militaire » ; vous savez, ces histoires avec des vaisseaux spatiaux, des canons lasers, et des méchants venus d’outre-espace… Bref. Chacun a le droit d’avoir son opinion sur le sujet, et je ne m’aventurerai pas à creuser celui-ci davantage.

D’un point de vue littéraire, ces 4 récits (est-ce le terme qui convient le mieux ?) sont pour le moins indigestes. Mais là n’est pas l’intérêt de ce recueil. Il faut davantage voir Ces guerres qui nous attendent comme un essai, un ensemble de tentatives de créations de récits prospectivistes, réalisés dans le but de bousculer nos schémas de pensée, de nous faire sortir de notre zone de confort intellectuelle. En fait, de pousser l’état-major des armées à renouveler sa vision des conflits à venir.

Ainsi, la lecture de ce livre devient passionnante pour tous ceux qui aiment réfléchir au monde qui nous entoure et à ce que le futur pourrait nous réserver (si on a vraiment pas de bol !). Ici, l’Intelligence Artificielle, les drones, le changement climatique et les crises migratoires, le transhumanisme, la conquête spatiale, le métavers… tout ceci prend une dimension concrète, presque tangible. Et si certains scénarios sont franchement peu crédibles, ils n’en demeurent pas moins possibles… Et c’est là tout le principe de la science fiction.

Ces guerres qui nous attendent, c’est une autre manière de faire de la science fiction. Il ne s’agit pas là d’utiliser l’esprit créatif des auteurs de SF pour mettre au point des armes plus meurtrières, ou des stratégies de conquête plus efficaces. Il s’agit de s’entraîner à se tenir prêt, de faire peur à nos décideurs militaires pour que jamais ils ne se laissent déborder par de nouvelles menaces auxquelles ils n’auraient jamais envisagé de croire.
Si vis pacem, para bellum dit le célèbre adage. On peut y adhérer ou pas, mais dans tous les cas il est intéressant de voir dans quelle mesure la science fiction est un puissant outil d’analyse de nos sociétés, validé en tant que tel jusque dans la plus sérieuse des administrations…
À lire comme un essai sur la capacité de la science-fiction à nous faire réfléchir à aujourd’hui, et à un demain possible (ou pas, ce serait mieux…).

« Jamais le futur ne sera certain »
Cédric Denis-Rémis – PSL – Préface

Note : au moment ou je termine la rédaction de cette chronique, un peu plus courte que les autres en raison du format particulier cet ouvrage, une « Saison 2 » est disponible (cf. lien ci-dessou). Et pour en savoir plus sur le projet red Team Défense, rendez-vous sur https://redteamdefense.org/

Faites-moi part de vos avis en commentaire, si le coeur vous en dit.

 

Auteur : collectif Red Team / Paris Sciences et lettres
Editeur : Équateurs
Format : 14×20
ISBN : 978-2382841792
222 pages
Parution : 2022 (janvier)
Pays : France
Chroniqueur : Julien Amic

 

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🧨Acheter et lire « Ces guerres qui nous attendent 2030-2060 Saison 2 » – Red Team – 22€

 

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