Une Princesse de Mars - Edgar Rice Burroughs - Hoebeke - les-carnets-dystopiques.fr
Une Princesse de Mars - Edgar Rice Burroughs
Une Princesse de Mars

Une princesse de Mars est un roman de l’auteur américain Edgar Rice Burroughs. Publié en 1912, ce récit fait figure de monument parmi les oeuvres de littératures imaginaires. Les éditions Hoëbeke en proposent une agréable version bénéficiant d’une nouvelle traduction..
Les merveilles de la planète rouge n’attendent plus que vous. Oserez-vous suivre John Carter ? Oserez-vous affronter les Tharks ?

« Lorsque je rouvris les yeux, je découvris un paysage étrange. […] J’étais étendu sur un tapis de végétation jaunâtre qui ressemblai à de la mousse et s’étendait de tous côtés autour de moi à des kilomètres à la ronde. Je me trouvais apparemment dans un profond bassin circulaire ourlé de collines basses aux formes irrégulières. C’était la mi-journée et le soleil brillait au-dessus de moi, baignant mon corps dénudé d’une chaleur assez intense sans dépasser cependant celle qui régnait dans les déserts d’Arizona. »
Edgar Rice Burroughs Une Princesse de Mars », éditions Hoëbeke/Gallimard – 28€

Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic
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☆Teaser : « Une princesse de Mars »

Un teaser pour vous donner envie…

John Carter, orpailleur du Far West, se trouve en mauvaise posture lorsque les Apaches se lancent à sa poursuite. Trouvant refuge dans une cavité de la falaise au pied de laquelle il pense pouvoir semer ses poursuivants, il éprouve une étrange sensation de malaise. Quelque chose paralyse ses membres et engourdit peu à peu son esprit…

Lorsqu’il se réveille, il sait qu’il n’est plus dans cette grotte d’Arizona, mais sur la planète Mars. Comment est-il arrivé là ? Il ne le sait pas lui-même, et n’aura guère le temps d’y penser. Car au fond de cette plaine désolée, il va faire une rencontre à laquelle il ne s’attendait pas. Une rencontre qui fera de lui l’un des personnages les plus importants ayant foulé le sol de ce monde peuplé de créatures hideuses et terrifiantes, et que ses habitants nomment Barsoom. Parmi eux vit un peuple dont le physique est semblable à celui des humains, et auquel appartient Dejah Thoris, fière Princesse à la peau rouge, tombée aux mains des féroces guerriers Tharks…

« Sa peau était d’un rouge cuivré et ses lèvres délicatement ciselées avaient la couleur du rubis. »

 

☆ Valles marineris…

Chronique analytique…

« C’est en 1912 qu’apparut le premier écrivain véritable de science-fiction, Edgar Rice Burroughs, […] qui publie le premier récit de sa série martienne, A Princess of Mars »
Jacques Sadoul – Préface de « Les meilleurs récits de Amazing Stories », J’ai Lu, 1974

On oublie parfois que la science-fiction existait bien avant la popularisation du terme par Hugo Gernsback en 1926, dans le premier numéro de la revue Pulp Amazing Stories, justement. Bien sûr on pourra discuter sans fin de l’appartenance ou non de Jules Verne, H.G. Wells, Edgar Poe, Jack London, A. Conan Doyle ou encore Mary Shelley, au genre SF. Mais là n’est pas le sujet. Le postulat de J. Sadoul, s’il est discutable, est en tous les cas révélateur de l’importance capitale que revêt le texte d’Edgar Rice Burroughs dans l’histoire des récits imaginaires, que l’on parle de science-fiction, de voyages extraordinaires, de merveilleux scientifique, de scientifiction, de fantasy, de fantastique, et de tout ce qui s’en rapproche !

Je dois cependant mettre en garde le lecteur : il faut être capable d’une bonne dose de « suspension d’incrédulité » et de contextualisation de l’oeuvre pour pouvoir en profiter pleinement. Car la planète Mars est couverte de mousse, présente une atmosphère, une gravité inférieure semble-t-il à celle de la Lune (mais cela ne gêne pas vraiment John Carter, bien au contraire, lui conférant des capacités « surnaturelles » pour un martien), et les martiens sont grands et verts, ou bien humanoïdes et rouges… Quant aux fameux canaux martiens, ce sont en réalité des champs cultivés particulièrement bien irrigués ! Qu’importe le flacon dirais-je, pourvu qu’on ait l’ivresse.

Une Princesse de Mars se destine en réalité à celles et ceux qui ont su conserver cette capacité d’émerveillement enfantine intacte. Après tout, ce Sense of Wonder que nous recherchons dans la SF n’est-il pas une simple résurgence de cet enchantement lié à nos premières découvertes littéraires ? À ces aventures extraordinaires et captivantes dont nous étions les héro(ïne)s de papier…
Ce roman est ainsi avant tout un récit d’aventures, aux multiples péripéties et rebondissements, une quête ultra-planétaire pour la survie, la liberté, la paix, et bien sûr l’amour !

Loin cependant de se résumer à une oeuvre d’heroic fantasy, Une princesse de Mars développe en creux certaines thématiques qui en font aussi la profondeur. Les seigneurs de Barsoom sont un peuple de peaux-rouges persécutés sans fin par les Tharks, civilisation dégénérée incapable d’éprouver le moindre sentiment, la moindre empathie, assoiffée de guerre et de conquêtes et pratiquant la torture joyeuse et l’eugénisme infanticide. Doit-on y voir un certain regard porté par l’auteur, vétéran de la guerre de sécession, sur la violence qui ensanglanta son pays au temps des conquêtes comme à celui de la guerre civile ? Qui sait…
Un autre exemple frappant est celui de cette planète Mars moribonde dont les ressources ont été dilapidées, en proie à un changement climatique ayant asséché ses mers les plus profondes, et où « en fin de compte, les Martiens n’avaient dû leur salut qu’au développement de techniques d’irrigation très avancées, formant ainsi des bandes fertiles que les Terriens avaient identifiées à tort comme des canaux martiens. »  Car les deux grandes civilisations martiennes ne sont pas moyenageuses, mais d’un niveau technologiques très élevé. On sait y fabriquer des armes de grande précision, des vaisseaux de combat aérien, et des bâtiments de plusieurs centaines de mètres de hauteur. Une gigantesque usine automatisée, dont je ne révèlerai pas ici l’utilité, trône par ailleurs quelque part dans ce désert moussu, et se révèlera être la clé de l’intrigue… Le monde de Barsoom est ainsi étonnant, à mi-chemin entre le médiéval et le futuriste, où l’on chevauche des créatures aux dents acérées comme l’on pilote de rapides aéronefs. Voilà une certaine vision du futur, celui qui peinait encore en 1912 à se matérialiser dans les esprits prolifiques des auteurs de récits merveilleux. En ce début de XXe siècle le progrès nous indiquait clairement une évolution colossale des capacités techniques mais il était encore difficile d’envisager que le présent puisse devenir si rapidement obsolète, que les chevaux soient remplacés bientôt par des chars d’assaut.

Edgar Rice Burroughs mêle dans ce récit les voyages extraordinaires et le merveilleux géographique, le merveilleux scientifique, une touche de sorcellerie (subtile, je ne vous en dirai pas plus), la fantasy et le planet opera. On peut critiquer le style de l’auteur, ses ficelles un peu grosse, mais on ne peut lui enlever cette capacité à captiver le lecteur. Ce fut en ce qui me concerne, une fort agréable lecture, marquée par ce plaisir d’évoluer dans un récit « à l’ancienne », loin des standards actuels de la hard-SF qui ont parfois tendance à délaisser l’émerveillement poétique au profit du réalisme stupéfiant.

Un mot enfin sur l’édition présente, publiée par Hoëbeke/Gallimard. L’ouvrage est de belles dimensions, avec une couverture rigide et des pages bordées d’une couleur rouge-princesse qui en font un bel objet. Saluons au passage l’illustration de couverture, seule parmi les 8 éditions françaises à oser faire figurer la Princesse dans le plus simple appareil (hé oui, tout le monde est tout nu sur Barsoom, trop chaud pour les habits). Certes, on n’aperçoit que sa silhouette dorée mais je vous l’assure, elle est toute nue (et John Carter aussi d’ailleurs, mais il n’est pas sur la couverture).
Un bandeau suggère par ailleurs que le livre serait précurseur de Dune et Avatar, mais le lecteur ne trouvera pas grand lien avec ceux-ci. En revanche il est fort probable que Frank Herbert et James Cameron aient lu E.R. Burroughs, et il n’est pas impossible non plus que certaines scènes aient inspiré George Lucas lorsqu’il réalisa Le retour du Jedi (je vous laisse deviner en cours de lecture…). Le texte très aéré (un peu trop ?), dont je n’ai pas comparé la nouvelle traduction aux 4 plus anciennes, aurait gagné à faire figurer quelques illustrations. Il manque aussi et surtout un préface qui semblait pourtant incontournable pour une édition de ce type. Mais peut-être cela changera-t-il avec la parution des 10 volumes suivants du Cycle de Mars ? Je l’appelle de mes voeux, Monsieur Hoëbeke !

Une Princesse de Mars est un merveilleux récit, un oeuvre essentielle ayant marqué la préhistoire de la science-fiction. Combinant heroic fantasy, merveilleux scientifique, voyage extraordinaire et planet opera, ce roman fut précurseur dans bien des domaines. En 1912, Edgar Rice Burroughs y plaçait une belle histoire faite d’amours improbables, de luttes pour la liberté, de violence aveugle, et de l’espoir que l’amour et la paix puissent venir à bout de la folie destructrice des peuples de Mars… à moins que ce ne soient de ceux de la Terre dont il ne fut question ?

« ils livrent un combat difficile et sans pitié pour survivre sur une planète qui se meurt et dont les ressources ont été dilapidées. »
Edgar Rice Burroughs – Une Princesse de Mars, 1912

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☆ Caractéristiques du livre

Une Princesse de Mars - Edgar Rice Burroughs
Une Princesse de Mars

Auteur : Edgar Rice Burroughs
Editeur : Hoëbeke
Format : 18×25
ISBN : 978-2073041494
352 pages
Parution : 2023 (novembre)
Titre original : A Princess of Mars
Parution originale : 1912
Pays : États-Unis

Traduction : Fabrice Canepa
Chroniqueur : Julien Amic

 

« Une princesse de Mars » – Hoëbeke – 28€

 

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