Le Molosse est un recueil de trois romans graphiques, réalisé par le japonais Gou Tanabe, et publié en 2022 chez les éditions Ki-oon.
C’est la neuvième parmi les adaptations des oeuvres de Howard Phillips Lovecraft à être éditée dans cette collection, bien qu’elle ait été réalisée en premier…
Une oeuvre dans la même veine que les précédentes, dont certaines figurent aussi sur ce blog ( voir notamment les chroniques de « La couleur tombée du ciel » et « L’Appel de Cthulhu », « Celui qui hantait les ténèbres » et » le cauchemar d’Innsmouth« ), et un univers toujours aussi envoûtant.
Et par pitié, méfiez vous des amulettes, surtout si vous les trouvez dans une tombe…
➡️ Acheter « Le Molosse » – Gou Tanabe d’après H.P. Lovecraft – 15€
Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…
Un extrait de « Le Molosse » …
« En approchant de la Cité sans nom, je sus qu’elle était maudite… C’est d’elle qu’avait rêvé une nuit Abdul Alhazred, l’auteur du Necronomicon, avant de composer ces vers mystérieux…
N’est pas mort ce qui a jamais dort,
Et au fil d’Ères étranges peut mourir même la mort »
Teaser : « Le Molosse »
Un teaser pour vous donner envie…
(Si vous souhaitez en savoir le moins possible sur le livre, lisez seulement cette partie)
Il est des lieux qui nous sont cachés. Et des bêtes pour les garder, des choses au delà de notre imagination, des créatures que nos psychés ne sont pas préparées à affronter.
Il est des Cités oubliées, noyées sous la mer depuis des éons incommensurables, et qui s’illuminent encore de lueurs effroyables. Qui les habite ? Il vaut sans doute mieux ne jamais le savoir.
Et sous la terre aussi, au milieu des déserts et dans les catacombes de villes rongées par les siècles et les millénaires, où les vents porteurs de sable enfouissent sans relâche ce qui cherche à rejoindre le monde d’en-haut lorsque la nuit tombe.
Il y a de part le monde des statuettes hideuses, minuscules et mortifères, qui vous entraînent et lient votre destinée à l’innommable effroi venu d’ailleurs.
On vous jetera à la mer avec elles, on vous enfouira dans une tombe, dans un cimetière dont on oubliera le nom.
Un jour peut-être, un pilleur de sépultures viendra vous la prendre. Quelle pitié pour le voleur, car il réveillera le Molosse, le Chien de garde qui veille sur son maître…
« J’entends cet aboiement lointain… Le battement d’ailes se rapproche… Il ne me reste qu’un seul refuge… »
➡️ Acheter « Le Molosse » – Gou Tanabe d’après H.P. Lovecraft – 15€
(La suite, sans révéler l’intrigue ni le dénouement, dévoile certaines parties du récit. Pour lire seulement l’analyse vous pouvez vous rendre directement ici )
À terre comme en mer, l’effroi sous la surface…
L’histoire en profondeur, mais sans tout dévoiler
Dans Le Temple, un U-Boat, un sous-marin Allemand de la première Guerre Mondiale, est en mission en haute-mer. Il vient de torpiller un navire cargo ennemi quand il fait surface pour contempler son oeuvre. Avant de replonger, l’équipage découvre sur le pont le cadavre d’un marin anglais, et dans sa poche une petite figurine taillée dans l’ivoire. Le corps est abandonné, et la statuette se retrouve à bord.
Peu à peu, l’équipage tombe malade, puis sombre dans une forme de folie paranoïaque. Le sous-marin en proie à une avarie majeure, est entraîné vers les abysses, et d’aucuns prétendent que c’est la petite figurine blanche qui les attire vers d’insondables ténèbres.
Mais tout au fond, il semble y avoir quelque chose d’étrange, quelque chose d’impossible… Il faut aller voir !
Le Molosse est la nouvelle qui a donné son titre à ce recueil : il était une fois deux pilleurs de tombes, attirés par les trésors cachés dans les entrailles de la terre et par les légendes impies qui entourent les morts qu’ils déterrent. Leur musée personnel est un amas splendide de trésors blasphématoires.
Quelque part aux Pays-Bas, ils dénichent au fond d’un cimetière oublié, en creusant une tombe ancienne, une amulette de jade, « symbole spirituel du culte nécrophage évoqué dans le Nécronomicon« .
Mauvaise idée que d’en faire la pièce maîtresse de leur triste collection. Car ils ont éveillé le Molosse et désormais, c’est la terreur et la mort qui vont les traquer sans relâche…
La Cité sans nom est perdue dans les sables du désert. Un vent glacé souffle à la tombée de la nuit, il semble provenir d’un souterrain, une longue caverne, un tunnel ou l’on s’engouffre et qui nous révèle, sculptée dans la pierre, l’histoire d’un peuple plus ancien que les premiers hommes. Et là, tout au fond, au coeur des ténèbres immobiles, souffle une tempête venue d’on ne sait où et… d’on ne sait quand !
« Il n’y avait qu’un vide infini baigné d’une clarté uniforme »
Des cités perdues et des amulettes maudites…
Le Molosse décortiqué
« Une lumière ici, dans les ténèbres aquatiques… C’est impossible! »
Le Molosse est en réalité un recueil de trois textes écrits par Howard Philips Lovecraft en 1920 (Le Temple), 1921 (La Cité sans nom) et 1922 (Le Molosse). On ne peut pas vraiment les qualifier d’oeuvres de jeunesse, mais elles n’en sont pas loin, et c’est aussi ce qui est intéressant, car on retrouve ici les prémices d’un Mythe de Cthulhu qui prendra véritablement forme quelques années plus tard (l’Appel de Cthulhu sera rédigé en 1926). L’Univers lovecraftien, les atmosphères lourdes et obscures, les cités perdues issues de civilisations archéennes, les malédictions et autres breloques aux mystérieux pouvoirs sont omniprésents ici, et c’est tout l’intérêt de ce livre.
Autre fait intéressant à signaler, Gou Tanabe a publié ce premier recueil en 2014, et c’est donc le premier des neuf qui regroupent Les montagnes hallucinées (2 volumes), Dans l’abîme du temps, La couleur tombée du ciel, l’Appel de Cthulhu, Celui qui hantait les ténèbres et Le cauchemar d’Innsmouth (2 volumes). Pourtant les éditions Ki-oon qui réalisent la version française ont décidé de le publier en dernier. Pourquoi ? Vraisemblablement parce qu’il s’agit de récits bien moins connus que tous les autres, destinés aux fans de Lovecraft et de la série, qui ne voudraient pour rien au monde qu’il manque un élément dans la belle série colorée alignée dans la bibliothèque… Un peu de marketing ne fait jamais de mal… Et peu importe ai-je envie de dire, car ces trois romans graphiques valent le coup d’être lus.
Une première symbolique est commune aux trois récits, et c’est celle de la cité perdue.
Elle est sous-marine dans Le Temple, sorte d’Atlantide qui ne dit pas son nom, découverte au fil d’une histoire à l’atmosphère oppressante, par des marins condamnés à attendre la mort dans leur U-Boat en panne. Gou Tanabe est un expert des lieux sombres, et son dessin suggère à merveille ce que les yeux des protagonistes n’osent voir. Je l’ai déjà dit dans des chroniques précédentes et je le répète ici. Les dessins de Gou Tanabe laissent de la place pour l’imagination du lecteur. Ils ne font que guider celui-ci, comme le fait le texte de Lovecraft, et le laissent construire son propre effroi.
Dans La Cité sans nom la cité perdue se trouve au fin fond du désert. Elle est en ruines, elle est sans âge, elle n’est plus sous-marine mais souterraine. L’ambiance ici se rapproche de celle des Montagnes hallucinées, avec des tunnels voûtés menant à quelque chose dont on pressent fortement qu’il vaudrait mieux ne pas le rencontrer !
Enfin dans Le Molosse, ce n’est pas vraiment un cité perdue, mais plutôt un cimetière oublié et volontairement délaissé par les êtres humains… (Oui bon, m’enfin il y a quand même un truc enfoui, des monstres dangereux et c’est un lieu maudit dont il ne faut pas trop parler 😱…)
La deuxième symbolique majeure, c’est l’objet maudit.
Chez Lovecraft, on le retrouvera plus tard dans l’horrible statuette du Grand Cthulhu assis sur son trône par exemple. Mais on peut également mentionner entre autres les bijoux étonnants du culte de Dagon dans Le cauchemar d’Innsmouth… Ici, c’est une figurine d’ivoire qui, dans Le temple, guide les marins vers leur perte. Enfin on ne sait pas vraiment s’ils sont tous perdus d’ailleurs, puisque la fin reste ouverte (et je ne vous en dirai rien !). Puis dans Le Molosse, la statuette est sculptée dans le « jade vert » et figure le fameux Molosse, qui semble plus sympa lorsqu’il est sculpté que lorsqu’il fait face aux pilleurs de tombes ! Enfin, dans la Cité sans nom, les statuettes sont remplacées par une infinité de personnages, figurations sculptées évoquant l’histoire d’une civilisation ancienne, plus ancienne que l’humanité, pratiquant d’horribles sacrifices, et qui semble avoir connu un déclin subit… Une thématique qui sera plus tard creusée à fond (si j’ose dire) dans Les Montagnes hallucinées.
Fait notable, les trois histoires nous font voyager de diverses manières. Quelle joie de visiter les glauques cimetières abandonnés des Pays Bas, de parcourir les épouvantables catacombes enfouis dans le désert saharien, ou d’explorer le fond des océans à bord d’un sous-marin nazi en panne… Vous avez besoin de vacances ? Vous rêvez de découvrir les merveilles du monde ? Lisez Lovecraft ! Lisez Gou Tanabe !
Dépaysement assuré. Animations offertes. Vous n’en reviendrez pas…
Le Molosse est un recueil de trois nouvelles de H.P. Lovecraft adaptées en romans graphiques par Gou Tanabe. Les atmosphères évoquées par l’indicible auteur de Providence et l’effroi qui ponctue chacun de ses récits sont encore une fois parfaitement restitués par le talent de l’ineffable dessinateur de Tokyo. Les horreurs lovecraftiennes sont partout, elles hantent les pages du Necronomicon, du Molosse, du Temple et de la Cité sans nom. Prenez garde de ne pas lire ces histoires à voix haute. On ne sait jamais quelles hideuses créatures vous pourriez ainsi invoquer !
« C’est lui… Je l’ai reconnu… Il guide les cadavres…«
Faites-moi part de vos avis en commentaire, si le coeur vous en dit.
Auteur : Gou Tanabe, d’après l’oeuvre de H.P. Lovecraft
Editeur : Ki-oon
Format : 16×22
ISBN : 979-1032711825
170 pages
Parution : 2022 (septembre)
Pays : Japon
Titre original : The Hound (1922)
Traduction : Sylvain Chollet
Chroniqueur : Julien Amic
🪦Acheter « Le Molosse » – Gou Tanabe d’après H.P. Lovecraft – 15€
✅ Ce blog fonctionne uniquement grâce à vous !
➡️ Si un article vous plait, utilisez les liens disponibles dans le post pour effectuer vos achats.
Amazon gagne alors un peu moins, et moi j’ai de quoi financer le fonctionnement de ce blog à travers une petite commission qui m’est reversée.
Un grand merci à vous ! 😘🙏 – Julien Amic
Vous ne souhaitez pas commander chez Amazon ? N’hésitez pas à faire un petit don pour soutenir mon travail de chroniqueur.
(Pas de minimum, don sécurisé Paypal via The Big Jellyfish SAS)
Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…