Capitaine Albator - l'Intégrale - Leiji Matsumoto - Julien Amic - les-carnets-dystopiques.fr
Capitaine Albator - l'Intégrale - Leiji Matsumoto - les-carnets-dystopiques.fr
Capitaine Albator

Capitaine Albator est un manga réalisé par le japonais Leiji Matsumoto entre 1977 et 1979, dont l’intégrale traduite en français est disponible depuis 2014 aux édition Kana.
Il s’agit de la version originale de cet univers culte, qui sera plus tard adaptée en série animée, en film, en BD…
Suivons donc celui qui vit libre, sous sa bannière, celle de la liberté !

Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic

 

Un extrait de « Capitaine Albator » …

 

« J’erre parmi les étoiles. Les gens m’appellent « Capitaine Albator »… Je vis en homme libre dans le sombre océan de l’univers, cette mer sans lendemain, que je parcourrai jusqu’au jour où je rendrai mon dernier souffle. Je vis comme un vrai homme sous ma bannière, la bannière de la liberté. »

 

 

Teaser : « Capitaine Albator »

Un teaser pour vous donner envie…

(Si vous souhaitez en savoir le moins possible sur le livre, lisez seulement cette partie)

 

En l’an 2977, le monde surpeuplé est gouverné par des incompétents. La Terre n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut jadis, et ses habitants apathiques ne se soucient guère de l’avenir, ni de leur prochain…

Une immense sphère noire venue des confins de l’espace s’abat soudain en plein centre de Tokyo, détruisant une grande partie de la ville, faisant des millions de morts. Mais que peut-on y faire ? Le Premier Ministre n’interrompra pas sa partie de golf pour autant.

La sphère noire - Leiji Matsumoto - Julien Amic
La sphère noire

Pourtant certains tentent de secouer ce gouvernement inutile, et parmi eux un scientifique, le Pr. Daiba, et son fils Tadashi. Ensemble ils tentent d’étudier la trajectoire de la mystérieuse sphère pour découvrir son origine. Mais le Professeur est rapidement assassiné par de mystérieuses femmes en noir, et Tadashi ne doit son salut qu’à l’intervention d’Albator.

Car les femmes en noir forment le peuple des Sylvidres, elles ont envoyé la sphère noire et pour les combattre et sauver la Terre et son peuple, il faudra parcourir l’espace. Tadashi devra rejoindre Albator à bord de son vaisseau : l’Arcadia !

« Tu n’as pas l’impression que l’Arcadia chante ?
Si… c’est une voix d’homme qui chante un hymne glorieux… »

(La suite, sans révéler l’intrigue ni le dénouement, dévoile certaines parties du récit. Pour lire seulement l’analyse vous pouvez vous rendre directement ici )

 

Dans l’océan infini de l’espace…

L’histoire en profondeur, mais sans tout dévoiler

 

Le Monde de 2977 est proto-apocalyptique. Toutes les mers ont disparu, la densité de population a atteint un niveau effrayant, et le désespoir semble avoir gagné le coeur des hommes, résignés à leur fin prochaine, incapables de se battre pour la survie de leur espèce et de leur planète.

Une poignée de hardis aventuriers ont cependant refusé cet état de fait, et ont choisi de quitter cette Terre peuplée de lâches et de profiteurs pour rejoindre l’espace. Ils ont choisi de faire sécession d’avec le restant de l’humanité, ce sont des dissidents, des rebelles, des parias condamnés à errer sans fin dans cet espace qu’ils ont choisi comme leur nouvelle demeure. Le cosmos comme un nouvel océan sur lequel naviguent des pirates d’un genre nouveau.

Mais les pirates ne sont pas des assassins ni des criminels sans morale, et lorsque le peuple qui les a bannis est menacé de mort par un peuple belliqueux venu des tréfonds de l’univers, le fier équipage du vaisseau Arcadia choisi de livrer bataille aux féroces Sylvidres, ces femmes vaillantes vêtues de noir, qui brûlent comme du papier lorsqu’elles meurent.

Les Sylvidres - Leiji Matsumoto - Julien Amic - les-carnets-dystopiques.fr
Les Sylvidres

Ainsi donc Tadashi rejoindra le Capitaine Albator et son équipage de filbustiers dévoués. Car si Albator est leur capitaine, c’est en hommes et femmes libres qu’ils ont choisis de le suivre.

Ce sont des hors-la-loi, ils ont choisi de combattre sous la bannière d’Albator, un étendard symbole de liberté… libres jusque dans la mort !

« Je chante pour que son esprit repose en paix pour l’éternité » 

 

 Le pirate de l’espace et son utopie désabusée

Albator décortiqué (pauvre de lui)

 

« le voile du mystère enveloppe toute chose d’un éclat plus attrayant que n’est la vérité »

Capitaine Albator… tous ceux qui ont grandi dans les années 80 s’en souviennent. Ses aventures popularisées par l’adaptation en dessin animé diffusée en France dès 1980 ont marqué toute une génération. Seul l’immense Goldorak aura pu rivaliser avec lui sur le plan de la popularité.

Mais Albator, c’est aussi un manga. Je dis aussi et pas « avant tout » car, même si le manga a précédé la série animée, c’est bien cette dernière qui a construit la légende. Et pour cause, l’Intégrale ici présentée ne contient en réalité que… la première moitié du cycle ! La deuxième partie n’a jamais été rédigée par Leiji Matsumoto, qui s’est concentré sur la série animée. C’est en la regardant jusqu’au bout qu’on aura le fin mot de l’histoire…

Pour autant, il est intéressant de lire cette intégrale, qui nous permet de prendre le temps (1088 pages quand même) de comprendre l’esprit contestataire et libertaire de cette oeuvre.

L'Arcadia - Leiji Matsumoto - Julien Amic - les-carnets-dystopiques.fr
L’Arcadia

Car Albator est bien un pirate, et non pas un corsaire comme cela a été malencontreusement suggéré par la traduction française de la série animée (Albator, le corsaire de l’espace – aussi appelé Albator 78 pour le distinguer de sa suite Albator 84 qui est en fait un préquel…).  Et oui, un corsaire travaille pour un Roi ou un gouvernement, il fait la guerre dans son coin certes, mais au service de son souverain. Or Albator est l’incarnation de la liberté et de l’indépendance. Son pavillon à tête de mort de type « Jolly Roger » n’est pas un symbole de mort, mais un symbole de liberté qui dit « jusque dans la mort nous resterons libres ».

La communauté de l’Arcadia semble directement inspirée de la flibusterie des Caraïbes du XVIIe siècle, et de la proto-république utopique des frères de la côte réunissant flibustiers et boucaniers sur l’île de la Tortue. D’ailleurs, l’Arcadia est suivi à distance par une étonnante île-astéroïde, refuge aménagé pour le plus grand confort des pirates de l’espace…

Le space opera contestataire met évidemment en scène une guerre spatiale opposant le solitaire vaisseau Arcadia, d’un niveau technologique époustouflant, à l’Armada des Sylvidres aux obscurs desseins. L’Arcadia est un puissant galion interstellaire, fortement armé, mais qui présente surtout la particularité d’être mu par une IA capable de prendre le contrôle total du vaisseau lorsque le besoin s’en fait sentir. Cette IA est un membre à part entière de l’équipage, le véritable bras droit d’Albator et, on le suppose, une « désincarnation » de son concepteur Toshiro, grand ami d’Albator et dont le décès semble avoir rendu celui-ci inconsolable.

Albator - Leiji Matsumoto - Julien Amic - les-carnets-dystopiques.fr
Albator s’adresse à l’Arcadia

Mais tout n’est pas noir ou blanc chez Leiji Matsumoto, et la lutte est plus subtile qu’il n’y parait. L’équipage de pirates disparate est un fatras de parias héroïques au service d’une humanité qui les a pourtant banni. Et les Sylvidres meurtrières et conquérantes ne sont pas si méprisables que cela, elles ont leurs raisons, et leur héroïsme propre… Albator va finir par se retrouver devant un curieux dilemme : pourquoi protéger les humains qu’il abhorre sur cette Terre moribonde en combattant ce fier peuple de femmes combattantes dévouées à leur Reine ? Sans doute parce que c’était là la volonté de Toshiro, justement…
Les humains sont lâches et les Sylvidres sont sans pitié, mais ces dernières semblent aussi cacher un secret effroyable. Et même si on s’en doute un peu, on ne saura pas avec cette intégrale quelle sera la réaction d’Albator en le découvrant car… le récit (ne) s’achève (pas) avant ! Et se poursuit dans la série animée.

Je dois aussi insister sur le côté humoristique développé par le mangaka. L’équipage est très « dessin-animé-japonais-du-club-Dorothée-des-années-80 » : le lieutenant de vaisseau passe son temps à construire des maquettes, la belle extra-terrestre picole tout le saké qui lui tombe sous la main, la cuisinière balance des bols de riz à la figure des intrus… Quant au Premier Ministre, il passe le plus calir de son temps dans son bureau (mais son bureau est un lit…) ou bien à jouer au golf… Ainsi le sérieux du combat d’Albator, l’honneur de l’équipage de l’Arcadia qui se bat pour la Liberté, la férocité des combats, la sauvagerie des Sylvidres, tout cela contraste avec l’apparente désinvolture des personnages secondaires… Rions un peu mes amis !

Miimé - Capitaine Albator - Leiji Matsumoto - Julien Amic - les-carnets-dystopiques.fr
Miimé siffle tout le saké

Ce récit est aussi bien plus profond qu’il n’y parait. Au delà des images de combats spatiaux de notre enfance (ou pas, si vous êtes nés avant ou après…), le récit pose la question de ce que les hommes, les femmes et diverses formes de vie extra-terrestres sont prêtes à faire pour préserver leur monde, leur espèce, leur honneur. De quel courage sommes nous capables de faire preuve ? De quelle couardise aussi ? Quelles atrocités sommes nous prêts à commettre ? Leiji Matsumoto a grandi au début des années 40, durant la deuxième guerre sino-japonaise et la deuxième guerre mondiale. Sans aucun doute il a été influencé par ce japon de son enfance post-conflits et par l’absurdité de ces guerres et leurs conséquences humaines désastreuses.

Capitaine Albator est avant tout un hymne à la liberté, au dur combat qu’il faut mener pour la préserver, et à l’absurdité de la guerre. Point de manichéisme ici, et chacun prend sa part dans ce conflit meurtrier. Il est dommage que Leiji Matsumoto, mort le 12 février 2023 à Tokyo, n’ait jamais pris le temps de terminer ce manga. Mais il faut lire Capitaine Albator, récit subversif, libertaire et dissident, qui nous parle d’humanité, dans ses meilleurs et ses pires aspects, de guerre et de combats, mais aussi d’amitié, d’amour, d’honneur, de dévouement, et… de Liberté !

 

« L’avenir, le rêve auquel nous consacrons notre vie, se trouve parmi les étoiles… »

 

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Capitaine Albator - l'Intégrale - Leiji Matsumoto - les-carnets-dystopiques.fr
Capitaine Albator

Auteur : Leiji Matsumoto
Editeur : Kana
Format : 14×21
ISBN : 978-2505061212
1088 pages
Parution : 2014
Pays : Japon
Titre original : Uchū kaizoku Kyaputan Hārokku (1977-79)
Traduction : Sylvain Chollet
Chroniqueur : Julien Amic

 

🏴‍☠️« Capitaine Albator » – Leiji Matsumoto – Kana éditions – 25€

 

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