The Fisherman - John Langan - Julien Amic
The Fisherman
The Fisherman

The Fisherman est un roman de l’auteur américain John Langan, paru dans sa version originale en 2016, et qui a obtenu le prix Bram Stoker en 2017. Il est ici traduit en français pour la première fois et publié par les éditions J’ai lu dans la collection « imaginaire ».

John Langan « The Fisherman » chez J’ai Lu – 12€

Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic
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☆L’histoire de Dutchman’s creek

Un teaser pour vous donner envie…

Abraham était employé chez IBM, il y a quelques années de cela, quelques dizaines d’années peut-être maintenant. Le drame de sa vie, c’est qu’il a perdu sa femme, victime de la maladie. Au fond du gouffre, il finit par trouver le moyen d’occuper son esprit meurtri en pratiquant assidument le loisir de la pêche en rivière dans les Catskill Mountains, état de New-York.

Lorsque Dan, l’un de ses collègues de travail, perd à son tour sa femme et ses enfants dans un terrible accident, le malheur rapproche les deux hommes, qui passent désormais leurs journées ensemble au bord de l’eau, une canne et quelques leurres à la main. Ils parlent peu, mais deviennent confidents et amis fidèles.

Un jour Dan suggère de partir à la découverte d’un nouveau coin, une rivière à peine indiquée sur les cartes, un lieu connu sous le nom de Dutchman’s creek. Mais dans un petit restaurant tout proche, un homme les met en garde et leur rapporte « ce qu’il a entendu dire » sur ce qui s’est déroulé dans le coin, avant qu’on ne construise un grand barrage qui n’engloutisse tout la vallée, formant un gigantesque lac d’où semble s’écouler la rivière en question.
Son histoire est proprement horrifique. Elle est si irréelle qu’elle en est absurde. Mais elle est fascinante, et surtout, il y a beaucoup trop de détails pour que tout cela n’ait été entièrement inventé…

Mais d’ailleurs, comment Dan a-t-il entendu parler de cet endroit ? Et que cherche-t-il exactement ? Et puis surtout, surtout… que va-t-il y trouver ?

☆ La nouvelle vague de la weird fiction…

Chronique analytique…

The Fisherman est un livre saisissant. Littéralement. Il saisi le lecteur qui ne pourra plus le lâcher avant d’en avoir terminé.
On pourrait le décrire comme une hybridation littéraire associant les grands espaces et l’étude fine de la psycho(patho)logie humaine de David Vann, le talent de conteur horrifique de Stephen King, et la capacité à évoquer l’indicible de H.P. Lovecraft. C’est une oeuvre qui relève avant tout du fantastique, et qui est à mon sens un jalon important dans l’histoire de cette weird fiction qui semble prendre une place grandissante au sein des littératures de l’imaginaire. Je m’explique…

Le roman se découpe en trois grandes parties, la première étant bien ancrée dans le réel, évoquant la douleur et le désespoir de l’être humain (en l’occurence Abraham, puis Dan) confronté à la mort de ses proches, à la perte irrémédiable du bonheur et de la joie de vivre, de l’envie de vivre. Cependant dès les premières lignes le narrateur (Abraham) ne nous laisse pas de doutes quant à ce qui va suivre, et nous fait bien comprendre que cette longue introduction n’est qu’une manière de contextualiser l’horreur qui va être décrite. Ce procédé est connu notamment pour être la marque de fabrique des récits de Howard Phillips Lovecraft. John Langan reprend la méthode, et ça fonctionne diablement bien : on est happé.

La deuxième partie s’amorce lorsque le cuistot en chef d’un resto paumé sur une route improbable dans les montagnes raconte un récit abracadabrantesque (comme aurait dit Jacques !), tout d’abord angoissant, puis horrifique, avant de devenir littéralement monstrueux. Le « réel » que j’évoquai pour définir l’atmosphère de la première partie se transforme ici peu à peu, évoluant vers quelque chose de fascinant, assez inimaginable pour le commun des mortels et, je le dis carrément, cauchemardesque. Car les choses y sont à la fois impossibles et effectives. Les évènements, les faits décrits sont inconcevables et pourtant… tout ceci se déroule bien sous nos yeux.

La troisième partie mêle le réel et le fantastique, les deux s’entremêlant et faisant basculer la vie d’Abraham. Le final, sorte d’épilogue qu’on ne voit pas vraiment arriver, pourrait par ailleurs servir de modèle à la définition du sense of wonder.

Il est vrai qu’il y a parfois quelques longueurs, et que la suspension d’incrédulité du lecteur est parfois mise à rude épreuve mais… si peu au fond. Vann, King, Lovecraft… certains aspects du livre, notamment le basculement dans un « autre chose » à la fois ailleurs et ici, à la fois inconcevable et indubitable, m’ont rappelé l’onirisme féérique de Faërie de Raymond E. Feist. À ceci près qu’on est ici dans un récit de cauchemar pur. Ce livre est écrit comme le compte-rendu d’un rêve noir, des notes prises à la hâte au réveil pour coucher sur le papier un périple horrifique et subterranéen, une monstruosité infâme et fascinante que l’on se remémore et puis… on songe avec terreur que non, ce n’était pas un rêve, c’était réel !
Je ne dévoilerai rien de plus, rien de ce que vous allez voir, de la chose à laquelle vous allez être confronté à la lecture du récit. Je vous laisse le plaisir de la découverte. Je vous laisse tout seul. Débrouillez-vous ! (et bonne chance)

The Fisherman est un livre qui ne peut pas laisser le lecteur indifférent. Il explore le comportement humain face à l’indicible, il surpasse les contes et légendes et s’en empare pour créer quelque chose de novateur, un océan noirâtre de mythologie glauque, une utopie infernale, un au-delà qui s’invite sur le pas de votre porte. Ce n’est pas simplement une histoire horrifique, c’est un cauchemar que John Langan vous invite à vivre. Un de ces grands rêves sombres et terrifiants dont on se souviendra avec effroi. C’est aussi une bonne raison de ne JAMAIS aller à la pêche dans les Catskills…

 

Faites-moi part de vos avis en commentaire, si le coeur vous en dit.
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☆ Caractéristiques du livre

The Fisherman
The Fisherman

Auteur : John Langan
Editeur : J’ai lu
Collection : imaginaire
Format : 11x18cm
ISBN : 978-2-29041-192-6
448 pages
Parution : 2024

Parution originale : 2016
Titre original : The Fisherman
Pays : USA
traduction : Thibaud Eliroff
Chroniqueur : Julien Amic

John Langan « The Fisherman » chez J’ai Lu – 12€

 

Je remercie chaleureusement les éditions J’ai lu qui m’ont gracieusement fourni un exemplaire du livre.

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Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic

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