Les étoiles solitaires est une novella de l’auteur français Roland C. Wagner, accompagnée ici d’une sélection de 7 nouvelles du même auteur. Celles-ci furent publiées entre 1993 et 2012, mais la novella titre est issue des archives dudit Wagner, et se voit ici éditée pour la première fois par Les Moutons électriques.
Voici donc une curiosité accompagnée d’une poignée de pépites littéraires…
« Ne jamais critiquer autrui. Se regarder soi-même avant d’observer les autres. Aider ceux qui étaient dans la dèche. Ignorer l’argent et la puissance. Vivre avant tout. »
Roland C. Wagner ➠« Les étoiles solitaires » chez Les moutons électriques – 22€
Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…
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☆Teaser : « »
Un teaser pour vous donner envie…
Et si la conquête spatiale n’était vraiment qu’une affaire de gros sous ? Le cosmos ne serait pas alors l’avenir de l’Homme avec un grand H, mais celui d’un seul d’entre eux, un magnat au pouvoir démesuré, régnant sur les ressources des planètes et des astéroïdes exploitables. L’humanité, les colons aux rêves interstellaires, ne seraient en définitive qu’une armée de mineurs vivant à crédit et trimant sans fin pour maintenir leur droit à la subsistance dans cet univers fait d’oppression et de profits.
Un jour pourtant, il y a longtemps, trois amis décidèrent de contrer le système en place. Ils tentèrent de s’opposer à l’inattaquable suprématie commerciale et au monopole établi. Ils en payèrent le prix fort. Mais l’histoire prend des chemins bien tortueux et la Fin, n’est pas toujours inéluctable. La lutte contre l’oppression est une notion qui se transmet, et la jeunesse possède des ressources insoupçonnées. Ainsi certain vieillard, dans son vieux rafiot stellaire échoué, semble doué d’une certaine clairvoyance et certaines choses pourraient changer… où pas !
« La pénurie crée plus de liens que l’abondance. »
☆ Et de sept qui font huit…
Chronique analytique…
« L’espace était devenu une affaire de gros sous. »
Les étoiles solitaires se présente à première vue comme un roman, et ni la jolie couverture signée Philippe Caza ni la quatrième de couverture ne laissent entrevoir la présence de sept récits sélectionnés avec soin par l’éditeur mais sobrement présentés en dernière ligne de l’avant-propos comme « certaines des meilleures nouvelles de l’auteur« .
Car le roman/novella est assez court, 120 pages environ. On apprend de la plume d’André-François Ruaud, auteur de l’avant-propos en question, qu’il s’agit là d’un roman de jeunesse de Roland C. Wagner, manifestement rédigé au tout début des années 80, jamais publié et probablement jamais envoyé à aucun éditeur, extirpé d’un fatras d’archives qu’il semble avoir été difficile de démêler. Grâce vous soit rendue, gentil Maxime Gendron, pour ce remarquable travail !
Les étoiles solitaires est ainsi non seulement un roman de jeunesse, mais aussi un roman pour la jeunesse… Non qu’il ne soit pas lisible et appréciable par un lecteur ayant comme moi sensiblement dépassé le stade young adult (oh si peu !), mais sa construction linéaire, si elle est fluide et agréable, laissera sur leur faim les amateurs de récits choraux complexes, tortueux et labyrinthiques. Ce space opera est toutefois particulièrement intéressant à lire pour tout amateur de l’auteur. On y retrouve déjà ce qui fera la spécificité de celui-ci, à savoir un esprit passionné par l’art du contrepied… On est aux antipodes des richissimes sauveurs de l’humanité américanisants. Non, ce n’est pas un milliardaire qui sauvera le Monde (avec un gros « M »). Exit les Bruce Wayne et autres Tony Stark, ici ce sont les petites gens qui oeuvrent à une humanité meilleure, en lutte contre l’oppression capitaliste et la démesure ultralibérale… À lire donc, si vous êtes un amateur de Roland C. Wagner, et de bons vieux récits structurés « à l’ancienne mode« , et que vous avez envie de rafraîchir votre cerveau science-fictionnel saturé de hard science quantique et de réflexions métaphysiques supra-existentielles…
Je voudrais maintenant m’attarder sur les 7 nouvelles qui accompagnent cet inédit opus. Passées sous silence par l’éditeur (ou presque), on pourrait penser qu’elles font là office de bouche-trou pour compléter un ouvrage un peu trop court. Nenni ! Toutes ces nouvelles sont de purs chefs-d’oeuvres ! Chaque nuit est à mi-chemin entre le fantastique-onirique et le cauchemardesque-horrifique, et vous laissera tout perturbé en fin de lecture. Pour une poignée de cailloux est une sorte d’anti-récit d’heroïc fantasy tout à fait ingénieux. La chanson de Jimmy, faisant référence aux théories extra-terrestres et complotistes des Men in Black ou de la série X-files, propose un final tout à fait saisissant et imparable. De la part de Staline est une uchronie dans laquelle Staline a été assassiné et où, là encore, la jeunesse téméraire jouera un rôle majeur dans l’émancipation du peuple. L’été insensé est également une uchronie dans laquelle le Général De Gaulle a été assassiné, ce qui a des conséquences tout à fait inattendues sur la révolution de mai 68 (c’est en tous les cas ainsi que je l’ai interprété). Tout le monde a un poids est un récit très étrange, qui pourra laisser le lecteur pantois, mais qui imagine une conquête spatiale qui ne serait pas le fait d’une élite triée sur le volet, mais de tout un chacun. Enfin, une mention très spéciale pour Fragment du livre de la mer, un bijou absolu. Écrite en 1998, cette nouvelle traite de l’impact de l’homme sur sa biosphère, et plus particulièrement sur les océans ; RolanC; Wagner fait cela avec une très grande poésie, ce qui est rarissime dans le monde de la SF (en tous cas à ce niveau). Ce dernier texte est à mes yeux l’une des pièces maîtresses de la science-fiction française, et même mondiale, toutes périodes confondues. À lui seul celui-ci mérite, si vous ne l’avez jamais lu, l’acquisition de cette excellente anthologie.
Ajoutons que l’éditeur a eu le bon sens de faire apparaître les oeuvres dans leur ordre chronologique de publication, ce qui donne un bref aperçu de l’évolution de l’écriture de Roland C. Wagner.
Les étoiles solitaires, c’est une novella inédite de Roland C. Wagner accompagnée d’un recueil de 7 nouvelles judicieusement sélectionnées. Si le récit principal se destine avant tout à un public relativement jeune, aux inconditionnels de l’auteur et aux férus d’inédits extraits des archives les plus inextricables, les courts récits qui l’accompagnent sont autant de petits joyaux qui scintilleront avec ardeur dans les yeux des lecteurs en quête de ce vertige si cher à Serge Lehman et à cette collection spécifique éditée par Les moutons électriques.
« De tout cela, j’ai le souvenir… »
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☆ Caractéristiques du livre
Auteur : Roland C. Wagner
Editeur : Les moutons électriques
Collection : Bibliothèque des vertiges
Format : 14x18cm
ISBN : 978-2-36183-814-0
256 pages
Parution : 2024
Parution originale : 1993, 1998, 1999, 2003, 2008, 2008, 2012, 2024
Pays : France
Chroniqueur : Julien Amic
➠ « Les étoiles solitaires » – les moutons électriques – 22€
Je remercie chaleureusement les éditions Les moutons électriques qui m’ont gracieusement fourni un exemplaire du livre.
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Une chronique imprudente rédigée par Julien Amic…